On conna�t la triste histoire�

Ritchie Blackmore, ulc�r� par la pr�sence de ses partenaires et en particulier celle de Ian Gillan, fait exploser le Mark II mythique et embauche un duo de chanteurs pour lui succ�der, dont un futur g�ant, David Coverdale, avec qui il ne s�entend gu�re mieux au final. Apr�s un "Stormbringer" funky (et b�cl�), il quitte sa formation pour en former une nouvelle sur les bases de ELF. Si RAINBOW conna�tra grand succ�s, DEEP PURPLE s��croulera avec son duo de drogu�s Tommy Bolin/Glenn Hughes. Et un jour fatidique de 1976, alors que RAINBOW brille de mille feux avec "Rising", le split est annonc� L�un des premiers g�ants du Hard Rock n�est plus�

Quant � la reformation du Mark II en 1984, on peut sans doute dire bien des choses� Si le mythe est ressuscit� aux yeux des fans, difficile de savoir ce qui aura vraiment motiv� les membres du groupe � part l�argent et la pression de la maison de disque. On ne peut refaire l�Histoire, mais cette reformation pousse au clash trois formations talentueuses : GILLAN, de toute fa�on mal engag�e vu le d�sir profond de Ian Gillan qui a toujours secr�tement souhait� que DEEP PURPLE se retrouve � nouveau, WHITESNAKE qui rassemblait la quasi int�gralit� du Mark III, et RAINBOW, que Ritchie Blackmore d�cide de mettre en veilleuse. Tous sont au fa�te de leur popularit� (� l�exception de BLACK SABBATH dont le "Born Again" fait p�le figure apr�s les ann�es Dio).

"Perfect Strangers" �tait, Dieu soit lou�, un grand album et un classique quasi instantan� des Anglais. Si l�entente ne semblait pas forc�ment des plus �videntes, le temps a fait son �uvre et � l�aube de la tourn�e, ce DEEP PURPLE ressuscit� est soud�. Cela on le remarque � l��coute de ce "Perfect Strangers Live" qui vient grossir le tr�s exhaustif catalogue Live de DEEP PURPLE qui, �trangement, accusait quelques manques sur l��poque dont nous parlons (si ce n�est le "In Absence Of Pink � Knebworth �85" consid�r� par de nombreux fans comme le t�moignage ultime de la tourn�e "Perfect Strangers" - il faut dire que c��tait le seul).

Comme le livret (plut�t complet) permet de le renseigner, DEEP PURPLE part relax� pour sa tourn�e, apr�s des r�p�titions faciles o� l�alchimie retrouv�e booste ses membres. Avec une setlist ultra-costaude mais au final peu risqu�e, bard�e des classiques issus de la mythique triplette "In Rock" - "Fireball" - "Machine Head", le Pourpre va rapidement montrer que si la rage des jeunes ann�es s�est estomp�e au profit d�une assurance conqu�rante, c�est pour un sens de la coh�sion quasi t�l�pathique entre les membres, comme les nombreux moments d�impro le laissent deviner (cette version dantesque de "Strange Kind Of Woman" o� Gillan laisse �chapper non sans amusement un petit "Who Do We Think We Are?") ou encore ces encha�nements fulgurants sur l�intro rallong�e qu�ils concoctent sur "Lazy", th��tre d�une joute terrible entre Jon et Ritchie et d'un court mais intense solo de Ian Paice.

En outre, la facilit� n�est pas vraiment � l�ordre du jour, DEEP PURPLE prenant un malin plaisir � revisiter ses morceaux avec hargne (la stratocaster de Blackmore d�chire l�air, et sans doute les gamelles de son ampli) et ses versions de "A Gipsy�s Kiss" ou "Speed King" valent leur pesant de cacahu�tes et Gillan ne s�y �conomise pas (ce "Child In Time", o� aucun aigu n�est �vit� malgr� une justesse parfois approximative, vocif�r�, hurl� par un vocaliste au top de sa forme) port� par une production un peu plus moderne qu�en 1972 cela va sans dire ; la batterie de Ian Paice profite largement de ces avanc�es et le mix met bien en valeur nos cinq larrons, m�me si globalement les claviers de Jon Lord sont un peu trop en arri�re � mon go�t, m�me s�ils savent encore se faire mordants � l�occasion. Non la production de ce Live a mis l�accent sur la rythmique et la guitare. Il trouve moyen de s�accorder quelques moments de gloire, comme le mythique solo de "Highway Star" qui met le Live sur orbite, ou encore la non moins mythique introduction de "Perfect Strangers" apprise par tous les clavi�ristes de la plan�te.

Oui, sur les quatorze titres jou�s ce soir-l� (plus le "Difficult To Cure" h�rit� des ann�es RAINBOW), cinq extraits de "Perfect Strangers" se sont ins�r�s sans probl�me entre "Lazy" ou "Black Night". Et c�est peut-�tre l� que le b�t blesse peut-�tre un peu : la mythique pi�ce-titre n�est pas jou�e dans sa meilleure version, et les Lives suivants (en particulier le "Live At Olympia �96") lui rendront davantage honneur, la guitare de Ritchie Blackmore ne s�av�rant peut-�tre pas assez Heavy. Petite d�ception donc pour l�un des titres amen�s � devenir un pinacle des concerts du groupes. Je ne sais pas non plus s�il �tait forc�ment judicieux de proposer quatre nouveaux titres d�affil�e dans le set. Peut-�tre est-elle l� la volont� de DEEP PURPLE de manifester son retour d�finitif sur la sc�ne Hard Rock.

Ce Live n�est pas disponible seul dans sa version cd, vous le trouverez en triple-disque avec le DVD reprenant la setlist du CD que je me fais un plaisir de vous chroniquer �galement. Vous ne perdrez pas votre argent avec ce "Perfect Strangers Live", qui, s�il n�est pas mythique comme peut l��tre "Made In Japan", marque une �poque mythique, elle, de tous les espoirs, o� l�avenir semble radieux pour nos trentenaires aguerris avec une atmosph�re proche de celle de 1972.